Comment l'organisation de ce qui n'est après tout que des fréquences de vibration de l'air peut-elle nous tirer des larmes, du moins quand le gars qui a planifié ladite organisation est
suffisamment doué ?
En d'autres termes, comment la musique arrive à nous émouvoir ?
Il semblerait que ce soit la capacité fondamentale du cerveau humain à la communication avec ses semblables qui prête ses canaux à la réception du fait musical, traduit essentiellement en
attentes, comblées, déçues, ou temporisées.
Cela implique en particulier que la syntaxe musicale d'un morceau est en effet analysée par le cerveau. Je vous ai déjà parlé ici de la tonalité, comme hiérarchie des notes et des accords, ou de la forme sonate (par exemple), organisation temporelle d'un morceau de musique en deux thèmes distincts construite autour de cette hiérarchie : ces éléments sont bel et bien détectés clairement par le cerveau et sont liés, en tant qu'attentes, au plaisir de l'écoute, et c'est d'autant plus frappant que cela est vrai quel que soit le degré d'expertise musicale du sujet.
Je viens de vous résumer très grossièrement une conférence passionnante : «l'émotion dans le langage musical», par Emmanuel Bigand, chercheur au CNRS (45 minutes environ).
Cependant, parole et musique, en tant que structures cérébrales fortement spécialisées, semblent bien être bien séparées : apprendre une mélodie ou un texte par cœur sont des tâches bien distinctes, contrairement à ce qu'il pourrait sembler quand on considère le chant. Ceci est le sujet de la conférence «l'échec du dialogue entre parole et musique dans le chant», par Isabelle Peretz, de l'Université de Montréal (45 minutes environ).
Et, en attendant d'avoir le temps de visionner ces conférences, voici une présentation résumée de l'état des recherches en sciences neurologiques sur la perception de la musique.