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Stravinsky - extraits

    OK.
    Alors, là, vous mettez le volume à fond, et vous branchez un casque et vous le mettez sur les oreilles.
    Parce qu'aujourd'hui ça va cracher.
    Je vous parlais de Stravinsky et de ses blocs de musique, et bien voilà ce que ça donne, attention, ça dégage, éloignez les enfants du poste :


    Alors, c'est pas des tapettes, les Clash, mmh ?
    C'était successivement : un extrait des fameux augures printaniers, suivi de la toute fin du Sacre du Printemps et son célèbre pied de nez terminal (les petites flûtes légères après l'énorme grosse Bertha...).
    Voilà, j'imagine que vous voyez mieux ce que je veux dire par blocs: des motifs d'orchestre, simples, qui se répètent de manière irrégulière, des cellules basiques qui s'allongent ou se rétrécissent et qui sont apposées les unes à côté des autres de manière abrupte.
    C'est toute la méthode Stravinsky, et c'est d'une énergie sacrément efficace !
    À noter tout de même qu'au-delà de la répétition des cellules, le tout est agencé de manière à ce que la musique avance et se développe, ce qui génère donc un discours malgré tout, dans le dialogue qui s'instaure entre les oppositions de blocs, avec le retour d'un bloc déjà entendu, ou l'apparition soudaine d'un nouveau motif, dans l'amoncellement des motifs, etc...

    Voilà encore d'autres formes de blocs stravinskiens, plus fluides que les précédents.
    Tout d'abord, un extrait du premier mouvement de la Symphonie en Trois Mouvements :


    Et puis le tout début de Pétrouchka ; ici, la constitution du bloc consiste moins en la répétition ryhtmique et scandée d'un accord pulsé, comme dans les extraits précédents, mais dans le fait de fabriquer une sorte de fond, comme un papier peint sonore, sur lequel on va poser des motifs, bien délimités, qui tournent sur eux-mêmes et qui s'ignorent les uns les autres.


    Cela dit, Stravinsky sait aussi concocter des atmosphères rêveuses et plus lointaines, tout en gardant cependant cette même raideur hiératique dans le traitement des mélodies qui provoque ce climat tellement évocateur.
    Voici le début de la seconde partie du Sacre du Printemps (Introduction), suivi d'un extrait du passage central du deuxième mouvement de la Symphonie en Trois Mouvements (ça c'est du titre utile, au moins, on sait à quoi s'en tenir).


    Alors, si vous pensez à Star Wars ou au Seigneur des Anneaux et à ce genre de choses, vous y êtes tout à fait ! Les musiques de film doivent beaucoup à quelqu'un comme Stravinsky. Moi, invariablement, je me retrouve au fond d'une forêt mystérieuse, avec de la mousse sur les arbres, que viennent darder tendrement quelques rayons de lumière quasiment liquides, et des petites fées qui volettent partout.

    Et enfin, pour terminer en beauté et en apothéose, et pour donner la banane à tout le monde, je vous balance la fin de l'Oiseau de Feu (ou: «comment rentabiliser une mélodie russe toute bête en une leçon»). Si votre ordinateur se soulève légèrement, pas de panique, c'est normal.


Non mais franchement qui a dit que la musique classique était forcément rébarbative et ennuyeuse ?



(Références :
•Rimsky-Korsakov - Schéhérazade, Stravinsky - L'Oiseau de feu, Orchestre de l'Opéra bastille, Myung-Whun Chung, Deutsche Grammophon.
•Stravinsky - Symphony of Psalms, Symphony in Three Movements, Symphonies of Wind Instruments, Berliner Philarmoniker, Pierre Boulez, Deutsche Grammophon.
•Moussorgsky/Ravel - Tableaux d'une exposition, Stravinsky - le Sacre du Printemps, the Philadelphia Orchestra, Riccardo Mutti, EMI Classics.
•Stravinsky - Pétrouchka, le Sacre du Printemps, the Cleveland Orchestra, Pierre Boulez, Deutsche Grammophon.)

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D
>Catgeisha : "Tu as vu Fazil jouer le Sacre à Montpellier ??"<br /> Oui !<br /> (et je vais te décevoir : j'ai trouvé la performance impressionnante, mais sur le fond, ça m'a pas trop marqué... Une des grands réussites du Sacre étant son orchestration, le réduire au piano ne peut être que... réducteur ! ;o))<br /> Pour Ravel, "très grande beauté plastique" convient plutôt bien, en effet !
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C
Bra, Maxime et Djac, mes 3 melomanes obiens préférés qui échangent sur ce blog ! Vive les communautés ! lolDjac>Tu as vu Fazil jouer le Sacre à Montpellier ??!Sinon, pour Ravel, sa sensualité et le cinéma, je me permets de m'auto-citer à propos du film de Raoul Ruiz, Klimt :"Le film, empreint d'une sensualité magnifiée dans une ambiance "Vienne 1900", est une invitation au voyage hallucinatoire d'une très grande beauté plastique, construit selon Ruiz à la manière d'une valse de Ravel, avec un début lugubre, une accélération jusqu'à atteindre un paroxysme avant un arrêt brutal."Comme quoi, ça peut se rejoindre finalement...;-)
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M
ok ! ok !Je m'incline.chut !Je m'en vais comme un prince.(dixit Les Inconnus...)
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D
>Maxime : héééé, c'est toi qu'a commencé !<br /> :o)
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M
vous m'cherchez !hein ?vous m'cherchez !?
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